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Pétrole : « Depuis six ans, les Etats-Unis ont reconquis leur couronne »

L’or noir imprègne l’histoire économique des Etats-Unis. Le 27 août 1859, le pétrole a jailli du premier puits foré par Edwin Drake à Titusville, en Pennsylvanie. En vingt-quatre heures, la population de ce village de 250 habitants a été multipliée par quarante. Aujourd’hui, la passion pétrolière a quitté la Pennsylvanie pour s’installer au Texas. Midland, la bourgade au cœur du bassin permien, est devenue à son tour la capitale du pétrole.
Grâce à elle, jamais dans l’histoire un pays n’avait produit autant d’or noir que les Etats-Unis en 2023, loin devant l’Arabie saoudite ou la Russie. C’est ce qui ressort des dernières statistiques publiées lundi 11 mars par l’administration d’information sur l’énergie des Etats-Unis.
L’année dernière, la production américaine s’est élevée à 12,9 millions de barils par jour. C’est encore mieux que son précédent record de 2022 (12,3 millions de barils par jour). Et, en décembre, ce sont 13,3 millions de barils qui ont été extraits chaque jour du sol d’Amérique. Un million de barils de plus que la capacité totale de l’Arabie saoudite et 3 millions de plus que sa production actuelle.
Il semble loin le temps où les Etats-Unis regardaient décliner leur activité, se résignant à acheter aux pays du Golfe de quoi satisfaire la consommation effrénée des énormes 4 x 4 qui sillonnent les autoroutes du pays. En 2005, la production ne dépassait pas les 5 millions de barils par jour. Puis, en 2009, les technologies de la fracturation hydraulique et du forage horizontal ont changé la donne et permis de sucer le sang noir qui coule dans les roches schisteuses du Texas, du Nouveau-Mexique et d’ailleurs.
Depuis six ans, le pays a reconquis sa couronne et creuse l’écart. En dépit des appels des scientifiques et de l’Agence internationale de l’énergie à réduire la production mondiale de combustibles fossiles pour lutter contre le changement climatique. La volonté de souveraineté énergétique a eu raison du reste.
Une autonomie aux conséquences géopolitiques considérables. Comme le souligne l’administration américaine, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie ont concentré en 2023 près de 40 % de la production mondiale de pétrole. Les trois pays suivants, le Canada, l’Irak et la Chine sont loin derrière. D’où les difficultés de Riyad à imposer son prix sur le marché mondial. Le pays en est réduit à limiter volontairement sa production pour stabiliser un cours dans un contexte où la demande stagne. En 2023, sa compagnie Saudi Aramco a vu ses bénéfices baisser de 25 %. Ce qui ne l’a pas empêchée d’augmenter ses dividendes de 30 % pour financer les chantiers industriels de l’Etat. Comme en Amérique, on prépare l’après-pétrole, sans en prendre vraiment le chemin.

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