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Les doubles masters en plein essor : « C’est une grosse charge de travail, mais au moins, on n’est pas obligé de finir ses études à 28 ans »

Droit ou histoire ? Histoire ou droit ? Marie (le prénom a été changé), 25 ans, a longuement hésité. Elle a finalement choisi de ne pas choisir. Son bac mention très bien en poche, elle s’est inscrite en double licence à l’université Paris-Panthéon-Assas (Paris-II) et à Paris-Sorbonne (Paris-IV), avant d’enchaîner en 2019 avec un double master 1. « Je savais déjà que je voulais travailler dans une organisation internationale, mais je n’avais pas encore d’idée très précise du métier que j’avais envie d’exercer, raconte-t-elle. Ce double parcours avait l’avantage de m’ouvrir un maximum de portes, tout en me permettant de ne pas me spécialiser trop vite. » A l’époque, la formule est encore assez confidentielle. Les candidats ne se bousculent pas. « Sur la trentaine d’inscrits en double licence, nous ne sommes qu’une poignée à avoir continué », se souvient-elle.
Depuis, l’engouement pour ce type de cursus n’a cessé de croître. Les doubles diplômes de HEC, lancés il y a une vingtaine d’années, ont vu les candidatures augmenter de 26 % en 2023 par rapport aux trois années précédentes. « Dans notre double master droit des affaires et économie, le nombre de postulants a été multiplié par dix en quinze ans », calcule de son côté Bruno Deffains, docteur en sciences économiques, qui chapeaute cette formation à l’université Paris-Panthéon-Assas.
Un effet de la concurrence exacerbée qui sévit sur le marché du travail, à la sortie des grandes écoles et des universités. « Depuis le milieu des années 2000, le nombre de diplômés du supérieur ne cesse de grimper, dans les pays occidentaux », analyse Mircea Vultur, sociologue et économiste, professeur à l’Institut national de la recherche scientifique à Québec (Canada). En 2022, en France, 50,4 % des 25-34 ans étaient titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. C’est deux fois plus qu’en 1995. D’où un besoin croissant de se démarquer, pour échapper au risque de déclassement. « Aujourd’hui, difficile d’intégrer un grand cabinet d’avocats ou le service juridique d’une grande entreprise avec un simple master, assure ainsi Marie. Les étudiants issus des grandes facultés de droit font tous quelque chose en plus : passer le barreau, partir à l’étranger… Il fallait que je trouve moi aussi un moyen de me forger une originalité. »
Le plus d’un double master ? Il permet d’ajouter un maximum de cordes à son arc en un minimum de temps. « Avant, quand on voulait acquérir un solide bagage de connaissances dans des domaines complémentaires, on était obligé d’enchaîner deux masters, se souvient Marion Fegel, 23 ans, élève avocate à Paris. Avec les doubles diplômes, on fait tout en même temps. Cela représente une grosse charge de travail, mais au moins, on n’est pas obligé de finir ses études à 28 ans. »
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